Impact social des transformations digitales
En Février 2020 Rhema Conseil et la société Quotex, se sont rencontrés pour échanger autour de la digitalisation des entreprises.
Quotex est une entreprise spécialisée dans les solutions d’avant vente située à Angers.
Quel est le rôle des acteurs RH dans la digitalisation entreprise ? C’est ce que nous allons voir dans la vidéo suivante.
Joachim Ménager : Tu interviens en conseil RH. Quel rôle les acteurs RH peuvent-ils jouer dans le cadre des transformations digitales ?
Marine Hamon : Les projets numériques ont des effets qui peuvent être importants sur l’emploi, les compétences et les conditions de travail. Les projets digitaux sont variés. Tout dépend de ce que l’on projette de mettre en place :
Un produit de substitution (techno remplace un autre outil) Exemple : changement de logiciel de paie.
Un produit permettant d’assurer un service plus efficace. Exemple : équiper des commerciaux de tablettes pour contractualiser en direct avec des clients. Le métier reste le même mais les processus vont évoluer.
Une redéfinition profonde avec utilisation d’un outil. Exemple : mettre en place un site de e-commerce. De nouveaux métiers vont être créer (exemple : préparateur de commandes)
Il y aura bien évidemment plus de conséquences dans le cadre de projets de transformation globaux.
Les acteurs RH ont un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement du changement et cela d’autant plus si le projet implique une transformation de l’organisation.
Joachim Ménager : Quand doivent-ils intervenir ?
Marine Hamon : Ils doivent intervenir :
Dès l’amont pour identifier les impacts de ces projets sur l’emploi, les compétences et les conditions de travail.
Une fois le diagnostic réalisé, ils piloteront l’élaboration du plan d’action à mettre en œuvre afin d’accompagner les équipes et de préserver le climat social.
Ils interviendront également de façon très opérationnelle. Ils devront par exemple rédiger les plans de développement des compétences, redéfinir les fiches de poste et mettre à jour le DUER et le plan de prévention des risques professionnels.
Enfin, ils seront les garants de la bonne mise en œuvre du plan d’action et pourront proposer des ajustements si besoin.
Joachim Ménager : Tu accordes une attention particulière à la phase de diagnostic. Quelle en est la raison ?
Marine Hamon : Pour être en mesure d’agir sur la contribution positive d’un projet SI encore faut-il avoir conscience des effets positifs ou des risques que de tels projets peuvent impliquer dans l’entreprise. Les outils informatiques modifient les conditions de travail. Ils peuvent à la fois :
Modifier l’activité voire la complexifier (ajout ou transformation de contraintes et surcharge d’informations) La modification profonde de certains processus peut appauvrir un métier, lui retirer ce qui en faisait tout l’intérêt (le contact client, la gestion globale d’un portefeuille ou d’un dossier…).
Modifier les rythmes de travail.
Faire évoluer et/ou accroître la charge de travail (en enlevant des activités ou en ajoutant des pratiques de reporting et de traçabilité des process / produits)
Ainsi, il est nécessaire de réaliser un diagnostic préalable afin apprécier les conséquences de ces projets sur les conditions de travail des salariés.
Joachim Ménager : Quels sont les objectifs d’une étude d’impacts humains lors des projets de digitalisation ?
Marine Hamon : L’étude d’impacts va permettre de répondre à 4 objectifs :
Prendre une décision éclairée quant à la décision de mener ou non le projet.
Nous entendons de plus en plus souvent que la transformation digitale est fondamentale. Le numérique n’a pas vocation à se suffire à lui-même. Le projet doit répondre à une stratégie d’entreprise. Réaliser l’analyse d’impacts va permettre d’avoir une vision précise des conséquences sociales et d’intégrer cette dimension lors des prises de décisions. Les équipes ne constituent plus la variable d’ajustement et reprennent une dimension centrale.
Apporter des améliorations au projet avant sa mise en œuvre.
Le diagnostic va permettre d’identifier les bénéfices mais aussi les risques afin de mettre en place des mesures permettant de limiter ou compenser les effets négatifs. De nouvelles mesures pourront être proposées afin d’améliorer les conditions de travail et donc de la performance de l’entreprise.
Faciliter l’appropriation du projet par les salariés.
Les salariés seront associés au projet globalement et non pas seulement en tant qu’utilisateurs.
Répondre à l’obligation de sécurité de l’employeur vis-à-vis de ses salariés.
Pour rappel, l’employeur a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des salariés de l’entreprise. Le DUER doit être mis à jour lorsqu’un projet important impacte les conditions de travail.
Joachim Ménager : Quels sont selon toi les facteurs clés de réussite d’un projet de transformation numérique ?
Marine Hamon : Parfois, nous constatons sur des projets de belles réussites techniques mais un bilan social mitigé. Nous nous intéresserons à ce point.
Donner du sens au projet
La finalité et les bénéfices attendus du projet doivent être expliquée. Dans un contexte d’évolution du marché, il est également important d’apporter de la visibilité sur ce qui risque de se produire si l’entreprise ne se transforme pas.
Viser l’efficacité économique et sociale
L’objectif recherché sera en premier lieu d’améliorer la performance de l’entreprise. Intégrer des indicateur sociaux, par exemple, des indicateurs liés à l’enrichissement d’une activité peut contribuer à la réussite du projet.
Impliquer les salariés
Partir du travail réel existant constitue un atout majeur pour mener à bien son projet.
Accompagner l’évolution des compétences
L’apprentissage de l’utilisation de nouveaux outils voire l’évolution des métiers nécessite de développer de nouvelles compétences.
Gérer les phases de transitions.
Cela signifie adapter les niveaux de production attendus pendant cette période.
Reconnaître les efforts consentis.
L’investissement personnel pour s’approprier les nouvelles technologies est souvent important, faisant naître des attentes en matière de reconnaissance et de perspectives professionnelles.